Nous y sommes, l’intelligence artificielle (IA) commence à transformer les métiers, les modes opératoires et les entreprises : aucun secteur n’est épargné. Si elle améliore la productivité, cette technologie soulève naturellement des questions en matière de gouvernance sociale et de bien-être des salariés. Devant ce constat, le Comité social et économique (CSE) ne doit pas perdre de temps et se préparer à accompagner les salariés tout en protégeant leurs droits.
Avant la généralisation inéluctable de l’IA dans le monde professionnel, il faut redéfinir les missions du CSE, mais aussi anticiper les évolutions ainsi que la formation des élus pour les préparer. Edenred Solutions CSE vous propose de découvrir les tendances à venir, l’importance de la formation des élus et des exemples concrets d’entreprises qui ont réussi à intégrer l’IA en collaboration avec leurs représentants du personnel.
IA et gouvernance sociale : les évolutions à prévoir dans les 5 à 10 prochaines années
On sait que 12 % des salariés utilisent déjà l’IA et que 30 % des entreprises l’ont intégrée à leur fonctionnement. En face, seulement 9 % des collaborateurs disposent d’une une charte éthique ou un comité dédié à l’IA sur lequel s’appuyer.
Une situation qui suscite des interrogations : comment être sûr que l’IA ne creuse pas les inégalités entre les travailleurs ? Comment protéger les droits de ces derniers devant la surveillance algorithmique ou les décisions automatisées ?
L’automatisation des tâches répétitives et la création de nouveaux rôles
L’IA va apporter un vent de changement dans les métiers administratifs, du service client et de la production. En effet, certains postes vont disparaître au profit de nouveaux métiers qui demandent des compétences techniques. Nous parlons ici de la gestion de l’IA, la maintenance prédictive ou encore de la cybersécurité. Ce qui va pousser tous les acteurs de l’entreprise à adapter leur stratégie :
- Les salariés, en développant de nouvelles compétences ;
- Les employeurs, en diversifiant les rôles ;
Quid du CSE ? Il devra faire en sorte que les employés évoluent grâce à des formations et des plans de reconversion.
Voici quelques chiffres clés :
- L’IA générative devrait augmenter de 33 % la productivité en France, notamment dans les secteurs à forte concentration de métiers intellectuels et scientifiques ;
- D’ici 2030, 27 % des tâches actuelles devraient être automatisées par l’IA ;
- Par ailleurs, 43 % des étudiants français redoutent que l’automatisation ne menace des emplois ;
- 55 % des salariés ont déjà recours à des outils d’IA sans en informer leur hiérarchie, ce qui soulève des problématiques de confidentialité et d’éthique.
L’impact en deux temps de l’IA sur les relations sociales dans l’entreprise
Les entreprises vont devoir trouver un équilibre entre l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et la protection des employés. En effet, en plus de la question des emplois, elles vont devoir définir un cadre légal concernant la surveillance des employés avec des outils automatisés, l’utilisation de leurs données personnelles et le poids de l’IA dans les décisions relatives au recrutement ou aux promotions.
Quid du CSE ?
Il doit anticiper ces aspects et s’assurer que l’entreprise fasse preuve d’éthique et de transparence lors du déploiement de l’IA. Il s’assurera que l’automatisation ne conduise ni à la perte de droits ni à une dégradation des conditions de travail. Grâce à des consultations obligatoires lors de l’introduction de nouvelles technologies, les représentants des salariés pourront éviter les tensions sociales et favoriser des échanges concrets autour de l’adoption de l’IA.
Faut-il former les élus du CSE aux enjeux de l’IA pour anticiper les changements ?
Et en tant que représentants des salariés, les élus CSE doivent être formés aux enjeux de l’IA, car l’arrivée de cette technologie transforme rapidement les compétences et les pratiques internes.
Un rôle de veille et d’accompagnement
Pour faire respecter les valeurs humaines et les droits des travailleurs, les élus du CSE doivent participer à l’élaboration d’une stratégie d’intégration de l’IA, en concertation avec la direction. Mais attention, pour y parvenir, ils doivent :
- Organiser des consultations régulières afin d’anticiper les évolutions des postes, identifier les besoins en formation et en adaptation des compétences.
- Être formés aux impacts de l’IA sur l’emploi, la sécurité des données, l’éthique et les risques psychosociaux liés à l’introduction de ces technologies ;
Une fois formés, ils pourront participer activement à l’intégration de l’IA dans l’entreprise.
Études de cas d’entreprises ayant réussi à intégrer l’IA avec une approche concertée impliquant le CSE
Certaines entreprises ont d’ores et déjà démontré qu’il est tout à fait possible d’anticiper l’impact de l’IA. Elles ont en effet été capables de l’intégrer en association étroite avec le CSE.
AXA France, par exemple, a mis en place un comité de suivi spécifique au sein de son CSEC, composé de représentants syndicaux et de membres de la direction. Ce comité assure un dialogue continu sur les projets IA et examine chaque étape du projet, depuis l’expérimentation jusqu’à la mise en œuvre, en passant par les consultations.
Même chose chez BNP Paribas, qui a intégré l’IA dans son accord de Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences (GEPP). Anticipant l’impact de l’automatisation sur les métiers, BNP a investi dans la formation pour maintenir l’employabilité de ses collaborateurs.
Citons enfin, TF1, qui a signé un accord sur l’évolution du métier de documentaliste. Grâce à l’automatisation des tâches répétitives, les salariés peuvent se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.
Conclusion
Le futur du travail façonné par l’IA ne doit pas être perçu comme un défi, mais considéré comme un bassin d’opportunités. Pour atteindre cet objectif, pour jouer un rôle clé dans l’accompagnement des transformations numériques, en garantissant une intégration éthique et transparente de l’IA, le CSE doit dès à présent évoluer. Cela nécessite une préparation proactive, un renforcement des compétences des élus et une volonté de garantir un équilibre entre innovation technologique et respect des droits des salariés.
Sources de cet article :
10 chiffres clés sur l’utilisation de l’IA au travail - helloworkplace.fr
L’intelligence artificielle dans les accords collectifs : état des lieux et perspectives - ce-expertises.fr
Quand l’IA s’invite en entreprise, le CSE doit-il être convié ? - editions-tissot.fr
Implémentation de l’IA dans l’entreprise - fo-cadres.fr
Intelligence artificielle au travail : rôle du CSE dans l’IA - cse-guide.fr